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Pourquoi un grand cycle de conférences (Décembre - Avril 2019) dans le Grand-Est autour du projet Cigéo et du nucléaire ?

Nous co-organisons avec Mirabel-LNE et en partenariat avec la Coordination Stop Cigéo un large cycle de conférences dans le Grand-Est ! Nous vous avons concocté un programme aux petits oignons. Habitant-es du Grand-Est, regardez le bien, il y a forcément une ou des conférences pas très loin de chez vous.
 
Pour avoir toutes les informations (sujets abordés, présentation des thèmes, dates, lieux précis, affiches) et être tenu-es informé-es :
 
- l'agenda complet (qui sera actualisé) est d'ores et déjà à retrouver sur cette page
- l'adresse e-mail pour contacter l'équipe : cycledeconferences-grandest@riseup.net
- la page facebook créée ad hoc : @voyageversunavenirnonatomique
 
Découvrez sans plus attendre les motivations sous-jacentes à ce cycle !
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Éthique, social, sciences, technique, économie, philosophie, politique : Cigéo est un projet au carrefour de nombreuses préoccupations. Les portes d’entrée dans ce sujet sensible sont multiples, et comprendre le projet et ses enjeux n’est pas évident. Par ce cycle de conférences, nous souhaitons rendre le sujet le plus accessible en abordant ses divers aspects, afin que tout le monde puisse recevoir les informations leur permettant d’en saisir les différentes facettes.

 

Nous commencerons donc ce cycle… par l’existant.  Quel est le point commun entre une base de maintenance nucléaire à Saint-Dizier, une laverie nucléaire à Suzannecourt, ou encore des travaux sur la voie ferrée aux alentours de Gondrecourt ? Ce sont les prémisses d’un centre de stockage de déchets radioactifs que l’on cherche à implanter sur un seul et même territoire. Ce qui se dessine dans le Grand-Est est une région au service du nucléaire : car si Cigéo n’existe pas encore, ses conséquences sont déjà bien visibles. C’est ce que nous allons voir dans un premier temps.

 

Tout cela pose des questions auxquelles nous essayerons ensuite de répondre : Cigéo serait-il créateur d’emplois ? Engendrerait-il des risques pour nous ainsi que pour les milieux naturels ? Est-ce que le fait d’habiter loin nous préserve de certains dangers ? Comment allons-nous faire pour transmettre aux générations futures les connaissances qui leur permettront de continuer à s’occuper de ces déchets ? Est-il sans alternative ? Avons-nous vraiment eu le choix ?

 

Ces éléments en tête, nous serons alors paré.e.s pour nous plonger dans l’histoire de la lutte contre Cigéo. La lutte contre Cigéo ? Non : les luttes contre Cigéo! Et chacune s’enchevêtre tout en ayant sa propre histoire : parce-que nous sommes plusieurs à les avoir vécues, nous allons vous les raconter.

 

Et parce que le Grand-Est a aussi une histoire hautement radioactive, alors nous lui demanderons de nous conter quelques-uns de ses chapitres : de Chooz à Cattenom en passant par Wittelsheim, nous reviendrons sur les luttes passées mais aussi sur celles à venir.

 

En effet, nous n’avons pas choisi de faire ce cycle dans le Grand Est par hasard. Nous souhaitons aller à la rencontre de ses habitant.e.s parce-qu’ielles sont les grand.e.s oublié.e.s des considérations publiques. Non, Bure ne concerne pas que la Meuse et la Haute-Marne. Cigéo n’est pas qu’un problème meusien, ni lorrain, mais bien national et international. En dépassant nos frontières, nous souhaitons donc parler de ce qui se joue chez nous en montrant combien Cigéo implique également les habitant.e.s du Grand Est. De fait, il nous paraît évident que les réponses à apporter aux problèmes qu’il pose devraient dès lors être pensées par tout le monde.

 

« Oui, bon, c’est bien gentil tout ça… Mais ces déchets, il faut bien en faire quelque chose ! Alors, on en fait quoi ? »

 

Patience, nous répondrons à cette question dans la dernière partie de notre cycle ! Et plus que cela, nous vous expliquerons même comment, très concrètement, il serait possible de sortir du nucléaire en moins de 10 ans.

 

De Strasbourg à Chaumont en passant par Nancy ou Bar-le-Duc : retrouvons-nous, et parlons-en !

 

 

N.B. : Le débat public PNGMDR

La concomitance avec le débat public sur le 5ème plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR), annoncé en février 2018, n’est pas innocente. Sans préjuger de l’honnêteté avec laquelle la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) pourrait mener le débat, tant sur le fond en n’éludant aucune des questions que sur la forme, en toute transparence, nous sommes en mesure de prendre de la distance avec ce processus participatif que nous avons expérimenté, à nos dépens, à plusieurs reprises. Comme le dit Chantal Jouanno*, « la démocratie élue considère que la démocratie environnementale est une menace pour elle ; aller plus loin dans la prise en compte du débat public reviendrait donc à remettre en question l’ensemble du système institutionnel et représentatif. »

Le nœud du problème est là : il n’y a pas d’obligation légale et réglementaire à suivre les conclusions de cet outil qui est limité dans sa définition et sa portée. Si tel était le cas, le projet Cigéo aurait été avorté à la suite du débat public de 2005 qui avait mis en évidence que la population préférait un stockage en subsurface à un enfouissement irréversible. Pourtant, en 2006, la loi qui suivit ce débat public a entériné le stockage en couche géologique profonde, sans autre forme d’alternative et au mépris total de l’expression des citoyens. En 2013, le second débat public sur Cigéo ne permettait pas de questionner son opportunité, mais tout au plus et imparfaitement de réfléchir à ses modalités, sur la base d’une information très incomplète et même fausse du projet soumis à consultation.

Les conclusions de ce débat public tronqué ont d’ailleurs fait l’objet d’un recours juridique de plusieurs associations et d’un désaveu de la moitié de la CPDP (Commission particulière du DP). Finalement, la population n’a jamais eu son mot à dire, ses revendications ont toujours été balayées sans discussion du bien-fondé des arguments avancés. Les récentes déclarations politiques du gouvernement n’ont jamais remis en cause la nécessité d’enfouir, actée par la loi de 2006. Alors que Nicolas Hulot, Ministre de la Transition Ecologique répétait que « Cigéo est la moins pire des solutions », Sébastien Lecornu son secrétaire d’État, en visite au centre de l’Andra de Meuse/Haute-Marne en septembre 2018, annonçait que « nous [n’étions] plus dans une phase législative, mais dans une phase opérationnelle ». Pour le gouvernement, l’heure n’est plus au débat, et ce malgré toutes les incertitudes d’ordre scientifique et une mobilisation grandissante.

Par ailleurs, le périmètre du PNGMDR est vaste puisqu’il porte sur l’ensemble des déchets radioactifs et des matières radioactives, sur l’existant comme sur le devenir ; en ce sens, ce n’est pas un troisième débat public sur Cigéo qui s’apprête à s’ouvrir début 2019. Il est certain que l’ensemble des éléments permettant de se faire son avis sur Cigéo ne pourront être traités avec le temps qu’ils mériteraient que l’on y consacre.

Nous souhaitons par ce cycle de conférences y remédier, vous apporter une large information sur les différentes facettes et enjeux de la lutte contre l’enfouissement des déchets radioactifs et la poursuite du nucléaire, et vous conter l’histoire des luttes contre le projet Cigéo à travers celles et ceux qui les ont vécues et les vivent encore.

* pour information, Chantal Jouanno est la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP)