· 

communiqué suite manif 15/08

Nous avons mis un temps certain à nous manifester, le temps du recul, le temps de l’analyse, le temps de trouver les mots les plus judicieux, les mots qui parlent. 

 

Nous avons assisté ce mardi 15 août dernier à une manifestation de LA violence, celle que l’on voit mais a-t-on parlé de celle que l’on ne voit pas, celle qui entoure le projet Cigéo et son monde. Nous étions lucides sur les méthodes peu scrupuleuses de l’Andra pour anesthésier notre lutte, à savoir mensonges et manigances. Nous sommes en revanche encore abasourdis de celles des forces de l’ordre que l’on peut résumer en un mot (deux) : répression totale.  

 

Elle est sournoise et silencieuse depuis vingt ans, la violence qui constitue la braise de notre combat. Elle s’est installée progressivement pour devenir constante, dans le dessein de rendre le projet Cigéo inéluctable dans les esprits comme sur le territoire. Elle n’y parviendra pas !  

 

Cette violence vicieuse et non assumée par les pouvoirs publics est aujourd’hui complétée par une violence morale, psychologique et répressive sur le terrain, et fut poussée à son paroxysme lors de cette manifestation dont nous étions. Nous avons en tête ces scènes de guerre, par lesquelles l’Etat veut nous rappeler que nous n’avons pas le droit de nous opposer à Cigéo, répondant à notre colère légitime par des moyens démesurés, et des méthodes intolérables. Ce 15 août, les gendarmes présents avaient certainement reçu pour ordre d’étouffer notre manifestation, nos revendications, et nos demandes ; avant même d’avoir avalé leur café !  

 

Nous ne nions pas le rapport de force qui s’est installé, mais comment aurait-il pu en être autrement, compte-tenu du harcèlement quotidien croissant que subissent habitants et riverains de Bure et de ses environs, s’ajoutant au mépris que subit l’opposition depuis des années ?  

 

Nous avons toujours été lucides sur les velléités de la préfecture à diviser l’opposition, sur sa volonté de la scinder entre « les gentils et les méchants ». Force est de constater qu’elle a échoué ; en effet, face à ces méthodes répressives, nous sommes tous des citoyens profondément solidaires, et cette lutte nous rassemble, parce qu’elle est juste et justifiée.   

 

Ce projet est une hérésie, profondément dangereux, et il serait de bon ton d’avoir un juste regard sur la vision clairvoyante de la société civile qui dénonçait déjà, il y a quelques années, les failles de conception de ce projet, ainsi que d’admettre que l’Andra a échoué à démontrer la faisabilité technique et scientifique de Cigéo.  

 

Ce projet est antidémocratique, et au-delà des formules contemporaines et très séduisantes de « démocratie environnementale », ou de « participation du public »,  que chacun soit lucide sur l’utilisation de la politique du fait accompli qui rythme le processus décisionnel de Cigéo : le comportement de l’Andra dans le Bois Lejuc, l’accaparement des terres, la situation des administrations publiques, entreprises, et même des particuliers (sous perfusion financière des groupements d’intérêts publics) dans nos territoires meusiens et haut-marnais dont nous nous sentons dépossédés en sont les preuves. 

 

Dans ce contexte, nous réitérons nos demandes de rencontre à Nicolas Hulot, le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, à qui nous demandons de bien vouloir se rappeler ses convictions et de les mettre en œuvre sans tarder. Sortons de l’impasse.  

 

Nous rappelons que ce n’est certainement pas l’attitude autoritaire voire péremptoire, et répressive des forces de l’ordre qui fera taire notre engagement citoyen.  

 

Nous avons une pensée sincère envers tous les blessés, mais nous dénonçons par ailleurs les perquisitions subies dans les chambres d’hôpital des manifestants ; autres débordements de cette notion de violence qui représente bien, dans ce cas, l’amoralité et l’étendue de ses multiples facettes.    

 

  Nous n’avons peut-être pas les mots qui pansent, mais nous pensons avoir ceux qui portent l’espoir car nous sommes convaincus du bien-fondé de ce combat.  

 

 

 

L’Association des élus opposés à l'enfouissement des déchets nucléaires (EODRA) Le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA)